Page:Luzel - Contes populaires, volume 2, 1887.djvu/278

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tation ; mais, persuadée que c’étaient les pauvres âmes des naufragés, qui demandaient des prières aux vivants oublieux, elle récitait quelques De Profundis à leur intention, plaignait les matelots qui étaient en mer, puis elle s’endormait tranquillement.

Mais, une nuit, elle entendit distinctement ces paroles prononcées par une voix plaintive à fendre l’âme :

— O Mona, avez-vous donc oublié si vite votre époux le Morgan, qui vous aime tant et qui vous a sauvée de la mort ? Vous m’aviez pourtant promis de revenir, sans tarder ; et vous me faites attendre si longtemps, et vous me rendez si malheureux !… Ah ! Mona, Mona, ayez pitié de moi, et revenez, bien vite !…

Alors, Mona se rappela tout. Elle se leva, sortit et trouva son mari le Morgan, qui se plaignait et se lamentait de la sorte, près de sa porte. Elle se jeta dans ses bras… et depuis, on ne l’a pas revue.


(Conté par Marie Tual, dans l’ile d’Ouessant, en mars 1873.)


J’ai encore recueilli, dans l’ile d’Ouessant, en mars 1873, les traditions et renseignements suivants sur les Morganed et Morganezed ; c’est du reste la seule localité où j’en aie trouvé trace, dans la tradition populaire :