Page:Luzel - Contes populaires, volume 2, 1887.djvu/407

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ai donné tout ce que j’avais, et moi-même, je serai obligé de me passer de dîner.

Alors une fourmi, qui était plus grande que les autres, prit la parole en ces termes :

— Merci à toi, homme ! Nous étions toutes affamées, et tu nous a rendu un grand service ; aussi, si jamais tu as besoin de nous, en quelque lieu que tu te trouves, tu n’auras qu’à appeler la reine des fourmis, et elle ne se fera pas attendre, car je suis la reine des fourmis.

— Merci bien de votre bonté, Madame la Reine des Fourmis, répondit Fanch poliment.

Il continua sa route, et, tout en marchant, il faisait cette réflexion :

— Les bêtes du bon Dieu paraissent toutes me vouloir du bien, et c’est de bon augure.

Le soir arrivait. Il se trouva auprès d’un vieux château, entouré de bois et de hautes murailles. Il frappa à la porte ; elle s’ouvrit, et il entra dans une vaste cour, où il ne vit personne. Apercevant une porte ouverte, dans un grand corps de logis, il attacha son cheval à un poteau de pierre qui se trouvait par là, et entra, par cette porte, dans une vaste cuisine, où il vit un mouton entier qui cuisait à la broche ; mais, par ailleurs, ni homme, ni femme, ni bête ; rien qui vécût, enfin. Il s’assit sur le banc, auprès du feu, persuadé que, tôt ou tard, quelqu’un se montrerait.