Page:Luzel - Contes populaires, volume 3, 1887.djvu/16

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bonnes crêpes bien beurrées, et quelquefois même avec un œuf dessus.

Quand il fut arrive à l’âge de dix-huit ans, comme il était vigoureux et bien portant, et qu’il continuait néanmoins de mendier, on commençait à l’accueillir un peu moins bien, et on lui disait souvent :

— Il est grand temps que tu ploies ton corps au travail ; n’as-tu pas honte de continuer de faire ainsi le fainéant, pendant que tout le monde travaille, autour de toi ?

Comme on ne le recevait plus guère que par ces paroles, et d’autres semblables, partout où il se présentait, il songea à quitter le pays. Il alla donc trouver sa douce Marie (car il avait aussi une maîtresse, comme tout jeune homme de son âge doit en avoir une), pour lui annoncer sa résolution et faire ses adieux. Marie était servante, dans une bonne ferme du pays, et elle lui avait donné, maintes fois, en cachette, de bonnes crêpes aux œufs, et des tranches de lard. Le voyant bien résolu à partir, elle lui dit :

— Je veux te donner quelque petite chose, pour que tu te souviennes de moi ; je ne suis pas riche, comme tu le sais, et je ne puis te faire un riche cadeau. Tiens, voici un morceau de la chemise de ma grand’mère, qui était sorcière.