Page:Luzel - Contes populaires, volume 3, 1887.djvu/234

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rien sur la table. Et comme personne ne lui offrait rien, il s’aventura à dire :

— J’ai bien travaillé aujourd’hui, maître, et j’ai faim.

— Tant pis, mon ami. car ici l’habitude est que celui qui arrive, quand la table est desservie, n’a plus droit à rien.

— Comment ! travailler toute la journée, sans un moment de repos, et n’avoir rien à manger, le soir ! Ce n’est pas là une vie à pouvoir en vivre...

— Vous n’êtes pas content ?

— Tout autre à ma place aurait lieu de n’être pas content.

— Vous savez nos conditions ; nous allons, alors, vous lever courroie. Allons, les gars !...

Et aussitôt quatre grands valets se jetèrent sur le pauvre Janvier, le dépouillèrent de ses vêtements, puis le couchèrent sur le ventre, sur la table et lui levèrent un ruban de peau rouge, depuis la nuque jusqu’aux talons. Après quoi, on lu renvoya, sans le sou.

Il s’en retourna à la maison, triste et malade. Son père, en le voyant revenir, lui dit :

— Tu n’as pas été loin, mon fils, et le bien-être n’a pas augmenté, chez nous.

Janvier conta tout à son frère Février, qui promit de le venger.