Page:Luzel - Contes populaires, volume 3, 1887.djvu/270

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Comment êtes-vous, ma pauvre femme ? lui demanda-t-elle.

— Mal, très mal ! J'en mourrai, sans doute ; mais, ce qui me chagrine le plus, c’est que j’ai laissé mourir, faute de soins, un enfant que j’ai eu.

— Vous êtes mariée ?

— Hélas ! non.

— Dieu ! que me dites-vous là ? Et moi, qui suis la fille du roi d’Espagne, j’ai quitté le palais de mon père, habillée en servante, et je me suis faite gardeuse de pourceaux, pour ne pas tomber dans le péché !... Mais, peu importe, Dieu est bon et miséricordieux ; priez-le, du fond du cœur, je le prierai aussi, et il vous pardonnera.

Et elle s’en alla.

— Je sais, à présent, ce que je voulais savoir, se dit le jeune seigneur.

Il se leva alors et prit, joyeux, la route de la maison. Il tua une perdrix, et l’apporta au château. Quand il arriva, sa mère lui sauta au cou, pour l’embrasser, et les trois demoiselles firent comme elle. Il fit cuire la perdrix qu’il avait prise et dit à sa mère qu’il voulait souper seul avec les trois demoiselles, dans sa chambre.

Quand on servit la perdrix, il la découpa en six morceaux : en mit un dans l’assiette d’une