Page:Luzel - Contes populaires, volume 3, 1887.djvu/292

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heureuse, et dit à son père d’aller parler au fils du roi, dans son palais.

— Pourquoi ? répondit le vieillard ; je vous l’avais bien dit : votre conversation frivole est arrivée jusqu’aux oreilles du prince, et maintenant il m’appelle pour me punir, sans doute.

— Non, non, mon père ; allez et ne craignez rien, lui dirent ses filles.

Le vieux boulanger se rendit au palais, triste et soucieux, comme s’il allait à la mort. Mais, quand il entendit le fils du roi lui demander ses trois filles en mariage : une pour son jardinier, une autre pour son valet de chambre, et la troisième pour lui-même, il en éprouva autant de bonheur et de joie qu’il avait eu d’abord d’inquiétude et de peur. Les trois noces furent faites immédiatement, et, pendant un mois entier, il y eut, tous les jours, des festins, des danses et toutes sortes de divertissements.

Le jardinier et le valet de chambre allèrent demeurer en ville, avec leurs femmes, et le jeune prince resta avec la sienne dans le palais de son père. Les deux autres étaient jalouses de celle-ci, parce qu’elle était maintenant princesse, et elles cherchaient tous les jours le moyen de la perdre. Quand elles la virent enceinte, elles allèrent consulter une vieille fée. Celle-ci leur dit qu’il fallait gagner la sage-femme de la princesse, pour