moitié de ménage, c’est-à-dire d’une femme. Non loin de la ferme où il servait, habitait, dans une petite chaumière, une veuve nommée Jeanne Kerboule’h. Jeanne possédait la petite maison qu’elle habitait, puis un courtil avec un petit champ qui y attenaient, et enfin une vache et son veau. Elle avait encore une fille de dix-huit à vingt ans, nommée Jeanne, comme sa mère, qui n’était ni laide, ni belle, ni des mieux partagées du côté de l’intelligence, mais, qui promettait de faire un jour une bonne ménagère.
— C’est là celle qu’il me faudrait, se dit Jean, et si je pouvais l’avoir pour moitié de ménage[1], je m’estimerais heureux.
Il se mit donc à fréquenter la maison, et il ne passait jamais devant la porte sans entrer, sous un prétexte quelconque, tantôt pour allumer sa pipe, tantôt pour s’enquérir si l’on n’avait pas vu passer une vache ou une brebis égarée, de chez son maître, ou quelque autre chose semblable. La veuve le recevait bien, parce qu’il avait bonne conduite et bonne renommée, dans la paroisse, et la fille aussi n’était pas indifférente à ses visites.
Le second dimanche de juin, la jeune fille était de garde à la maison, après avoir été à la première messe du matin, et Jean, après la grand’--
- ↑ Hanter tiégès, locution populaire.