Page:Luzel - Contes populaires, volume 3, 1887.djvu/401

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Il vit beaucoup de monde assemblé autour d’une maison : il y en avait aussi sur le toit et jusque sur la cheminée, et ces derniers paraissaient tirer sur une corde et la laisser descendre alternativement dans la cheminée, comme font des ramoneurs. Jean s’approcha d’une jeune fille grande, et bien découplée, aux cheveux noirs, aux yeux vifs, comme il en aurait désiré pour être sa moitié de ménage, et lui adressant la parole :

— Dites-moi, je vous prie, mon petit cœur, ce que font ces gens ? M’est avis qu’ils ramonent a cheminée.

La jeune fille, détournant la tête, le regarda par-dessus son épaule, d’un air de dédain, et lui fit :

— Vous êtes encore un malin, vous ! De quel pays venez-vous donc, pour parler de la sorte ? Comment ne voyez-vous pas, imbécile que vous êtes, qu’on est à panser le cheval de mon père ?

— À panser le cheval de votre père ? Je vous voue que je ne comprends pas bien comment…

— Eh bien ! mon pauvre homme, répondit une petite vieille, qui se trouvait à côté de la jeune fille (c’était sa mère), notre cheval timonier est tombé, il y a quelques jours, dans la rivière et a été entraîné par le courant sous la roue du moulin, où il a reçu plusieurs blessures graves.