Page:Luzel - Contes populaires, volume 3, 1887.djvu/64

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de perdre son cœur, ou de le laisser manger au chat, car c’était là le meilleur morceau.

Le seigneur va alors à la messe, et le jardinier l’accompagne. Les deux fils de celui-ci étaient allés voir les bateaux, au bord du quai. Quand ils se furent promenés assez, ils retournèrent chez le seigneur. En arrivant dans la cuisine, ils n’y trouvèrent que la cuisinière. Ils virent, sur la table, le petit oiseau plumé, et, sur un plat, à côté, était son cœur. Les deux gars s’appelaient l’un, François, et l’autre, Allain. François, voyant le cœur du petit oiseau sur le plat, le prit pour une cerise rouge, et l’avala. Puis, ils allèrent jouer tous les deux dans le jardin.

À dîner, quand l’oiseau fut servi sur la table, le seigneur s’empressa de chercher le cœur, et comme il ne le trouvait pas :

— Où est le cœur de l’oiseau, cuisinière ? demanda-t-il.

— Comment, est-ce que vous ne le trouvez pas. Monseigneur ?

— Non sûrement, je ne le trouve pas ; prenez garde de l’avoir mangé !

— Moi, Monseigneur ! Par exemple, le chat pourrait bien l’avoir mangé, car je me suis absentée un instant de la cuisine.

Et voilà le seigneur désolé, furieux ; et il se leva de table, ne pouvant finir de dîner.