— Consolez-vous, Garan, ne pleurez pas,
Il faut bien que quelqu’un parte. —
— Peu m’importerait de partir,
N’était ma pauvre mère, qui est malade ;
Voilà sept mois qu’elle est sur son lit,
Et elle n’a chrétien que moi (pour la soigner). —
Garan Le Briz disait
A sa mère, en arrivant à la maison :
— Ma pauvre mère, levez-vous,
Pour que je fasse encore une fois votre lit.
— Etes-vous fatigué de ma maladie.
Ou êtes-vous las de me voir ? —
— J’ai été tirer au sort,
Et je suis tombé soldat pour Cavan ! —
La pauvre femme disait
A son fils Garan, en ce moment :
— Mon pauvre fils, consolez-vous,
Il faut bien que quelqu’un parte. —
Pendant qu’ils se désolaient tous les deux,
Le capitaine entra dans la maison :
— Préparez-vous vite, Garan,
Il faut aller à Guingamp ce soir ! —
Garan Le Briz, à ces mots.
Est sorti de la maison ;
Il a fermé la porte à clef sur sa mère,
Et est allé chez le curé :
— Tenez, gouvernante, voici la clef de ma mère,
Ayez-en bien soin, je vous prie,
Et dites à monsieur le curé
De la recommander dans son prône ;
De la recommander à la grande messe
Pour que les habitants aillent la visiter. —
— Mettez votre clef où vous voudrez.
Où vous l’aurez mise vous la retrouverez. —
Il a fait ses adieux au presbvtère,
Et s’est rendu aussitôt dans l’église.
— Monsieur saint Garan, mon patron,
Accordez-moi une faveur ;
Faites que vos cloches sonnent le deuil
De ma pauvre mère, quand elle sera morte :