Page:Luzel - Gwerziou Breiz-Izel vol 1 1868.djvu/119

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


— Consolez-vous, Garan, ne pleurez pas,
Il faut bien que quelqu’un parte. —

— Peu m’importerait de partir,
N’était ma pauvre mère, qui est malade ;

Voilà sept mois qu’elle est sur son lit,
Et elle n’a chrétien que moi (pour la soigner). —

III

Garan Le Briz disait
A sa mère, en arrivant à la maison :

— Ma pauvre mère, levez-vous,
Pour que je fasse encore une fois votre lit.

— Etes-vous fatigué de ma maladie.
Ou êtes-vous las de me voir ? —

— J’ai été tirer au sort,
Et je suis tombé soldat pour Cavan ! —

La pauvre femme disait
A son fils Garan, en ce moment :

— Mon pauvre fils, consolez-vous,
Il faut bien que quelqu’un parte. —

Pendant qu’ils se désolaient tous les deux,
Le capitaine entra dans la maison :

— Préparez-vous vite, Garan,
Il faut aller à Guingamp ce soir ! —

Garan Le Briz, à ces mots.
Est sorti de la maison ;

Il a fermé la porte à clef sur sa mère,
Et est allé chez le curé :

— Tenez, gouvernante, voici la clef de ma mère,
Ayez-en bien soin, je vous prie,

Et dites à monsieur le curé
De la recommander dans son prône ;

De la recommander à la grande messe
Pour que les habitants aillent la visiter. —

— Mettez votre clef où vous voudrez.
Où vous l’aurez mise vous la retrouverez. —

Il a fait ses adieux au presbvtère,
Et s’est rendu aussitôt dans l’église.

— Monsieur saint Garan, mon patron,
Accordez-moi une faveur ;

Faites que vos cloches sonnent le deuil
De ma pauvre mère, quand elle sera morte :