Page:Luzel - Gwerziou Breiz-Izel vol 1 1868.djvu/141

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Mais la chaleur de l’argent et le contact de la fille maudite,
Lui ont brûlé le bras, jusqu’à l’épaule ;
Lui ont brûlé le bras, jusqu’à l’épaule,
Et voilà l’honneur et le profit qu’on retire des femmes ! —


________



DOM JEAN DERRIEN
________


I

— Dom Jean Derrien, vous dormez
Mollement sur la plume, moi je ne le fais point. —

— Qu’est-ce donc à cette heure de la nuit,
Qui fait du bruit à ma porte ? —

— C’est moi, votre mère, Dom Jean Derrien,
Qui suis ici à faire pénitence ;

Qui suis à faire dure pénitence,
Dom Jean Derrien, depuis l’heure de ma mort ! —

— Ma pauvre mère, dites-moi.
Que vous manque-t-il ? —

— Autrefois, quand j’étais dans ce monde-là,
J’avais fait un vœu

D’aller à Saint-Jacques de Turquie ;[1]
La route est longue et c’est bien loin d’ici ! —

— Ma pauvre mère, dites-moi.
Servirait-il d’y aller moi-même ? —

— Oui, cela servirait.
Comme si j’y étais allée moi-même. —

Dom Jean Derrien disait
A son père et à sa sœur, ce jour-là :

— Mon père, ma sœur, si vous m’aimez.
Donnez-moi deux ou trois cents écus ;

Donnez-moi deux ou trois cents écus.
Car j’ai un long voyage à faire. —

— Maintenant donc, que vous êtes prêtre,
Maintenant, mon frère, vous nous quitterez ? —

  1. (1) Ce saint Jacques de Turquie, ne serait-ce pas saint Jacques de Compostelle ?