Page:Luzel - Gwerziou Breiz-Izel vol 1 1868.djvu/161

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


  — Arrétez-vous, entrez dans la maison,
Car vous logerez chez moi aujourd’hui ;
Mon mari n’est pas à la maison,
Il est allé à une petite affaire. —

  Après leur avoir fait servir à souper,
Elle les fit coucher dans un lit excellent. ...
Quand Julien arriva à la maison,
Il était possédé par Lucifer ;

  On lui avait donné à croire
Que sa femme lui était infidèle.
En entrant dans sa chambre,
Il vit deux personnes dans son lit.

  Il saisit aussitôt une épée,
Et les tua tous les deux dans le lit !
Puis il descendit sur le pavé,
Et rencontra sa femme.

  — Ma pauvre femme, dites-moi,
Qui avez-vous mis dans votre lit ?
Qui avez-yous mis dans votre lit,
Je croyais vous avoir tuée ? —

  — Votre père et votre mère, Julien,
Depuis longtemps dans la désolation et le chagrin,
Et fatigués de courir du pays,
Cherchant partout de vos nouvelles ! —

  — Notre-Dame du Folgoat !
La bête m’avait bien dit
Que je tuerais mon père et ma mère,
Tous les deux dans le même lit !

  Tenez, prenez les clefs,
Et administrez nos biens ;
Moi, Je vais maintenant à la rivière du Jourdain,
Pour faire pénitence de mon crime, —

  — Mon pauvre mari, entrez dans la maison.
Et faisons-les enterrer ;
Où ira un de nous, nous irons tous les deux,
Comme nous sommes de vrais époux !


Recueilli sur la lisière de la forêt de Koat ann noz