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II

  Monsieur Bistigo, à ces mots,
S’en retourna à la maison ;
Il s’en est retourné à la maison,
Et a dit à sa penhérès :

  — Ma fille, donnez-moi vos clefs,
Les gens ont des langues de diables. —
— La clef de mon armoire, je l’ai perdue,
La clef de mon coffre est cassée,

  Et la clef de mon petit bahut.
Je voudrais la voir au milieu du feu ! —
Monsieur Bistigo, entendant cela,
Saisit une petite hache ;

  Il a saisi une hache à tête.
Et a mis en morceaux le petit bahut ;
Il a mis en morceaux le petit bahut,
Et l’enfant de cire a été découvert.

  Et aussitôt de retourner en ville.
Chercher les gendarmes pour prendre sa fille.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

III


Dur eut été le cœur de celui qui n’eut pleuré,
Etant dans la ville de Tréguier,
En voyant quatre corps brûler dans le feu.
Pendant que les cloches sonnaient d’elles-mêmes !

Monsieur Bistigo pleurait dru.
Et s’arrachait les cheveux,
En voyant brûler sa penhérès,
Car il n’avait d’autre enfant qu’elle ! —

IV

Si voulaient les habitants de Tréguier
Tenir bien closes les portes de leur église.
Un enfant de cire n’y aurait pas
Eté baptisé au clair de la lune ! (1)


Chanté par Marguerite Philippe, mendiante estropiée
de la commune de Pluzunet — 1867.


{1} Il s’agit dans ces deux ballades, assez difficiles à trouver aujourd’hui, d’un envoûtement, superstition très-répandue dans le moyen-âge. La première version m’a été communiquée par mon ami M. Prosper Proux, l’auteur si original de l’excellent recueil Bombard Kerne, populaire daas nos campagnes. Il l’a recueillie à Plouigneau, dans les environs de Morlaix. On remarquera que les rôles sont en partie changés dans la seconde version. La nourrice disparaît pour faire place à monsieur Poularfeunteun, et monsieur Penfeuteun, de la première version, devient monsieur Bistigo.