Monsieur Bistigo, à ces mots,
S’en retourna à la maison ;
Il s’en est retourné à la maison,
Et a dit à sa penhérès :
— Ma fille, donnez-moi vos clefs,
Les gens ont des langues de diables. —
— La clef de mon armoire, je l’ai perdue,
La clef de mon coffre est cassée,
Et la clef de mon petit bahut.
Je voudrais la voir au milieu du feu ! —
Monsieur Bistigo, entendant cela,
Saisit une petite hache ;
Il a saisi une hache à tête.
Et a mis en morceaux le petit bahut ;
Il a mis en morceaux le petit bahut,
Et l’enfant de cire a été découvert.
Et aussitôt de retourner en ville.
Chercher les gendarmes pour prendre sa fille.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Dur eut été le cœur de celui qui n’eut pleuré,
Etant dans la ville de Tréguier,
En voyant quatre corps brûler dans le feu.
Pendant que les cloches sonnaient d’elles-mêmes !
Monsieur Bistigo pleurait dru.
Et s’arrachait les cheveux,
En voyant brûler sa penhérès,
Car il n’avait d’autre enfant qu’elle ! —
Si voulaient les habitants de Tréguier
Tenir bien closes les portes de leur église.
Un enfant de cire n’y aurait pas
Eté baptisé au clair de la lune ! (1)
de la commune de Pluzunet — 1867.
{1} Il s’agit dans ces deux ballades, assez difficiles à trouver aujourd’hui, d’un envoûtement, superstition très-répandue dans le moyen-âge. La première version m’a été communiquée par mon ami M. Prosper Proux, l’auteur si original de l’excellent recueil Bombard Kerne, populaire daas nos campagnes. Il l’a recueillie à Plouigneau, dans les environs de Morlaix. On remarquera que les rôles sont en partie changés dans la seconde version. La nourrice disparaît pour faire place à monsieur Poularfeunteun, et monsieur Penfeuteun, de la première version, devient monsieur Bistigo.