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Page:Luzel - Gwerziou Breiz-Izel vol 1 1868.djvu/185

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J’ai épousé une honnête femme,
Et je l’aime de tout mon cœur.

  Taisez-vous, ma mère, vous péchez,
C’est mon valet de chambre que vous avez vu. —
— Votre valet de chambre ne porte pas
Ni soutane, ni bonnet de prêtre. —

  — Si je savais que cela fût vrai.
Je serais allé trouver mon père roi
Salut à vous, mon père roi !
— Et à vous aussi, mon fils de Dieu. —

  — Quelle punition est due
A une pauvre femme mal mariée ! —[1]
— Si son mari est honnête homme,
Il faudra la juger sévèrement ;

  La condamner à l’épée ou au bûcher,
Ou à la potence : une mort prompte. —
— Que Dieu soit loué,
C’est votre fille Henori que vous avez jugée ! —

  — Si c’est Henori que j’ai jugée,
Je lui ferai un autre jugement :
On lui construira un tonneau neuf.
Pour l’exposer sur la mer, à la garde de Dieu ! —

IV

  Son époux disait alors
A Henori, en arrivant à la maison :
— Henori, habillez-vous,
Pour m’accompagner au bal, chez votre père. —

  — Jamais je n’ai refusé
D’aller où vous me disiez.
Et surtout chez mon père,
Car là est tout mon bonheur :

  Bonjour à vous, mon père roi ! —
— A vous pareillement, ma fille de Dieu. —
— Et comment ai-je pu vous manquer,
Pour m’avoir condamnée à la potence ? —

  — Consolez-vous, Henori, ne pleurez pas,
Un autre jugement a été fait pour vous :
On vous a construit un tonneau neuf,
Pour être exposée sur la mer, à la garde de Dieu.

  A peine eut-il prononcé ces mots,
Qu’elle fut placée dans le tonneau ;
Elle a été placée dans le tonneau
Et exposée sur la mer.

  1. (1) Qui trompe son mari.