Une autre version, recueillie par-delà la forêt de Koat-an-noz, donne ainsi la seconde partie de ce gwerz :
On l’a prise et on l’a jetée dans l’étang…
Mais elle y chante comme dans un couvent.
Les petits oiseaux du ciel, en passant.
Ont entendu Marguerite qui chantait :
Et ils vont dire au seigneur
Que Marguerite n’est pas encore morte,
Et qu’en passant dans la montagne verte,
Ils l’ont vue qui saluait la croix.
Et ils vont dire au seigneur
Que Marguerite n’est pas encore morte,
Et le seigneur, voyant qu’elle ne mourait pas,
Ordonna de dessécher l’étang.
Il ordonna de dessécher l’étang,
Et on jette Marguerite dans la caverne du serpent.
Et le serpent, aussitôt qu’on la lui a jetée,
A avalé Marguerite !
Mais un jour, le bruit s’en répandit, et le serpent creva.
Et Marguerite en sortit par son dos :
Marguerite en sortit par son dos,
En chantant gaiment, et sans avoir éprouvé de mal.
Et le seigneur, voyant qu’elle ne mourait pas,
Donna alors l’ordre de la décapiter…
Elle a demandé une demi-heure de temps,
Et un ange est descendu du ciel.
— Persévérez, Marguerite, persévérez toujours,
Votre couronne est toute prête dans le paradis ! —
On lui fit son procès, pour être décapitée,
Mais aucun d’eux n’a osé…
— Descendez, Marguerite, descendez de là quand vous voudrez,
Car pour moi, Marguerite, je ne vous décollerai point ! —
— Il ne faut pas, dit-elle, manquer de le faire,
Car vous êtes maintenant la porte entre Jésus et moi ! —
Dans plusieurs églises de nos campagnes bretonnes on voit sainte Marguerite figurée sur un serpent ou un dragon.