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III

Le Sénéchal disait, en arrivant près de la potence :
— Comment est votre cœur, Marguerite Laurent ? —
— Mon cœur à moi est dispos, toujours en adoration,
Grâce à sainte Anne et à la Vierge Marie. —

— Descendez, Marguerite, et venez avec moi dans ma maison,
Je vous ferai préparer à déjeuner par mon cuisinier ;
Pendant que vous serez en vie, je vous prie de rester avec moi.
Et je vous ferai de plus gouvernante dans ma maison. —

— Pour aujourd’hui, je ne mangerai ni ne boirai,
Jusqu’à ce que j’aie été au Folgoat et à Sainte-Anne. —
— Venez avec moi, Marguerite, sur la croupe de ma haquenée,
Je vous conduirai au Folgoat et aussi à Sainte-Anne. —

— Je n’irai ni sur haquenée, ni aussi sur mes deux pieds,
Mais sur mes genoux nus, si mon cœur peut résister. —
Aussi vite qu’une haquenée aux pieds légers,
Va Marguerite vers le Folgoat.

Et quand Marguerite arriva dans le cimetière du Folgoat,
On voyait les traces de ses genoux sur les pierres tombales et dans le bois ;
On voyait les traces de ses genoux dans le bois et sur les pierres tombales,
Heureuse la femme qui y ira après elle !

Marguerite disait, dans l’église du Folgoat :
— J’ai été à Sainte-Anne, me voici à présnt au Folgoat ;
J’ai été à Sainte-Anne, me voici à présent au Folgoat,
Ma pénitence est finie, je n’ai pas été ingrate ! —

Entre la chapelle de saint Laurent et celle de saint Nicolas,
Marguerite Laurent a terminé sa vie !


Marie-Anne Le Noan, vieille mendiante, commune de Duault.


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