Page:Luzel - Gwerziou Breiz-Izel vol 1 1868.djvu/271

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  — Mon frère le clerc se sera pas pendu,
Car celui-là n’est pas coupable ! —

  — Le trouve mauvais qui voudra,
Le clerc Le Capitaine sera pendu ! —

  Le clerc Le Capitaine disait,
En mettant le pied sur le plus haut degré de l’échelle :

  — Si c’était la volonté de Dieu
Qu’un arbre s’élevât au bout de trois jours

  Sur le pont de Châteauneuf,
Afin de manifester la vérité ! —

V

  La petite mineure de cinq ans disait.
En revenant de la lande de Plounevez :

  — Il n’y a pas d’enfant sur la terre
Qui ait autant que moi de chagrin !

  Ma mère a été pendue et brûlée,
Et mon pauvre père est lépreux ! —

  La petite mineure de cinq ans disait,
En arrivant sur le pont de Châteauneuf :

  — Gens de la justice, vous avez failli,
En pendant mon oncle le clerc !

  Je vois un arbre de trois jours
Sur le pont de Châteauneuf ! —

  La petite mineure de cinq ans disait,
En arrivant à la porte de son père :

  — Ouvrez-moi votre porte, mon père,
Pour que je vous change votre chemise ;

  Pour que je vous change votre chemise,
Il y a dix-huit mois que vous n’en avez changé. —

  — Chère penherès, retirez-vous de là,
Car si le vent change de côté,

  Si le vent change de côté,
Vous attraperez la lèpre par le trou de la serrure !

  Je suis ici mangé par les vers,
Bientôt ils m’entameront le cœur ! —

  — Que le vent souffle du côté qu’il voudra,
Je voudrais être morte !

Il n’y a pas d’enfant sur la terre
Qui ait autant de chagrin que moi !