Iannik Coquart disait,
Un jour, à son père et à sa mère :
— Men père, ma mère, si vous m’aimez,
Vous ne m’enverrez pas aux marchés,
A cause de Marie Tili ;
Je ne passe jamais devant sa maison,
Je ne passe jamais devant sa maison
Sans obtenir d’elle an compliment :
Sur la table il y a une nappe blanche,
Un vase rempli de beurre jaune,
El une tourte de pain de miche (pain blanc},
Et elle tient à la main deux verres ;
Elle tient à la main deux verres,
L’un de vin rouge, l’autre de vin blanc —
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Marie Tili disait,
En arrivant chez Jean Coquart :
— Bonjour et joie à tous dans cette maison,
Donnez-moi un escabeau pour m’asseoir ;
Donnez-moi un escabeau pour m’asseoir,
Si je dois être belle-fille dans cette maison. —
Le vieux Coquart répondit
À Marie Tili, quand il l’entendit :
— Belle-fille dans cette maison vous ne serez,
Ni vous, ni aucune fille de lépreux ! —
— Jamais vous n’aurez eu de crève-cœur,
Comme pour avoir appelé mon père lépreux ! —
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Jamais je ne vis de plus belle maison,
Qu’une léproserie ;
Il y a là petite cour et grande cour,
Comme chez le seigneur de Roc’hlaz ;
Il y a là grande cour et petite cour,
Comme chez le seigneur de Coat-Hooan
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Dur eut été le cœur de celui qui n’eut pleuré,
Etant à Ploumilliau,
En voyant la croix et la bannière,
Et les prêtres et les clercs,
Conduisant Iannik à sa maison neuve ! …
Michel-en-Grève. Roc’hlaz, dans cette même commune, était un château
dont il ne reste plus aujourd’hui que quelques ruines sans importance.
Coat-Ronan était aussi un manoir noble d’une commune avoisinante. La
Villeneuve (ar Gernewez) est à cinq cents mètres, environ, du bourg de
Ploumilliau, sur le bord de la route de Saint-Michel-en-Gréve. Quant au
bourg de Plouvorn, dans le Finistère, il est bien sur la route que devaient
suivre les pèlerins des Côtes-du-Nord, pour se rendre au Folgoat.