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LA FEMME AUX DEUX MARIS.
PREMIÈRE VERSION.
________


I

  Quand j’allais prendre de l’eau à la fontaine de Gwashalec,
Je rencontrai un homme vêtu d’écarlate rouge.

  Et lui de me demander : — Femme, êtes-vous mariée ? —
Hélas ! j’étais jeune, et je lui dis que je ne l’étais pas.

  Et lui de me conduire près d’un buisson de saule,
Et de me garder là quelque temps pour me conter fleurettes

  — J’ai une marâtre, la plus méchante femme qui ait vu le jour,
Et quand j’arriverai à la maison, je serai gourmandée. —

  — Dites à votre marâtre, la plus méchante femme qui ait vu le jour :
La fontaine est loin, et l’eau était troublée ;

La fontaine est loin, et l’eau était troublée
Par le cheval d’un cavalier, qui revenait de Nantes —

II

  Quand j’étais à Keridon, à Keridon, revenant,
J’entendais une voix qui était (1)[1] .........

  Et les sonneurs qui sonnaient, sonnaient aux gens de la noce,
Et moi de presser mon cheval, pensant arriver de bonne heure ;

  Et moi de presser mon cheval, pensant arriver de bonne heure,
Hélas ! quand j’arrivai, on allait se coucher.

  — Ouvrez-moi votre porte, jeune femme deux fois mariée,
Le vent est cruel, et mes deux mains sont engourdies ;

  Le vent est cruel, et mes deux mains sont engourdies
A tenir la bride de mon cheval, et mon épée dorée. —

  — Allez à Keridon, là vous serez logé,
Demain, quand il fera jour, j’irai vous voir là,

  Et je vous porterai votre part de mon festin de noces,
Un quartier de mouton et un autre de bécasse ;

  Un quartier de mouton et un autre de bécasse,
Et un peu de vin d’Espagne, pour vous désaltérer. —

  1. (1) Je ne traduis pas la fin du vers, car je ne comprends pas ce que peut signifier dili a bec’het. Y a-t-il altération, ou aurai-je mal entendu ? Je me rappelle cependant avoir interrogé la chanteuse qui me répondit : Je ne sais pas ; c’est comme cela que j’ai entendu dire. Peut-être faudrait-il : oa didu da glewet, — qui faisait plaisir à entendre.