Page:Luzel - Gwerziou Breiz-Izel vol 1 1868.djvu/361

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  — Pour avec moi vous ne coucherez pas,
Votre lit est fait dans la chambre haute ;
Votre lit est fait dans la chambre haute,
Pour coucher avec le seigneur de Coatredrez. —

  Le seigneur de Coatredrez disait
A la pauvre jeune fille, ce soir-là :
— Venez avec moi au jardin,
Pour cueillir un bouquet de fines fleurs :

  Pour cueillir un bouquet de fines fleurs,
De marjolaine et de thym ;
De marjolaine et de lavande,
— Qui vous sied, fillette jolie. —

  La pauvre jeune fille disait,
En arrivant auprès du jardin :
— Adieu, ma mère, adieu, mon père,
Jamais ne vous reverront mes yeux !

  Seigneur, prêtez-moi des couteaux,
Pour couper les tiges de mes fleurs ;
Pour couper les tiges de mes fleurs,
Qui sont trop longues des tiges. —

  Le seigneur de Coatredrez, quand il entendit.
Mit la main dans sa poche ;
Il a mis la main dans sa poche,
Et en a retiré trois couteaux pour elle :

  Un à manche noir, un à manche blanc,
Un autre en or jaune soufflé :
C’est celui à manche noir qu’elle a pris,
Et elle se l’est plongé au milieu du cœur !

  Quand le seigneur se détourna,
La jeune fille était sur la bouche ;
La jeune fille était au milieu du jardin,
La tête auprès de ses genoux.

  Et il disait encore, le méchant,
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
— Si je ne craignais de damner mon âme,
Tu ne serais pas allée vierge devant Dieu ! —

IV

  Le seigneur de Coatredrez disait,
A tous les gens de sa maison, cette nuit-là :
— La nuit est fort avancée,
Il est temps à chacun d’aller reposer. —

  La gouvernante disait
Au seigneur de Coatredrez, cette nuit-là :
— Je vous avais souvent averti
Au sujet du vin et des femmes ;