Page:Luzel - Gwerziou Breiz-Izel vol 1 1868.djvu/377

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  — Petite servante Marguerite, dites-moi,
Quand vous me regardez, pourquoi soupirez-vous ? —

  — Monsieur le marchand, dites-moi,
Avez-vous fait promesse à quelque jeune fille ? —

  — Petite servante Marguerite, je ne vous tromperai pas,
Il y a aujourd’hui trois semaines que c’était le jour de ma noce. —

  — Que Dieu vous console, vous et votre femme,
Car vous êtes ici dans le lieu où vous serez tué ! (1)[1]

  Regardez sous votre lit, vous verrez une épée nue,
Depuis qu’elle a tué trois autres, elle n’a pas encore été lavée ;

  Il y a là trois corps morts qui attendent l’occasion (pour être enlevés),
Vous Iannik le Bon-Garçon, vous serez le quatrième. —

  — Quand ma haquenée et ma selle dorée,
Et ma valise pleine d’argent seraient perdues,

  Et moi (si j’étais) dans la ville de Rouen auprès de mon épouse Marie,
Petite servante Marguerite, je n’en aurais nul souci.

  Petite servante Marguerite, sauve-moi la vie,
Tu auras, petite Marguerite, le choix de mes frères ;

  Tu auras, petite Marguerite, le choix de mes frères,
Garçons des mieux bâtis, et marchands comme moi —

  Et quand sonna l’heure, l’heure de minuit,
La servante Marguerite ne pouvait plus reposer :

  — Petit marchand, lève-toi de là,
Si tu veux sauver ta vie ! —

  Et ils se sont échappés par la porte du jardin ;
Le beau-frère de l’hôtesse les a entendus.

III

  Et quand le coq chanta, au point du jour,
L’hôtesse n’avait pas de repos dans son lit :

  — Petite servante Marguerite, levez-vous, levez-vous vite,
Pour allumer la chandelle et souffler le feu ;

  Pour allumer la chandelle et souffler le feu,
Pour que nous tuions toutes les deux le petit marchand ! —

  Le beau-frère de l’hotesse lui disait :
— Votre servante, la petite Marguerite, sur ma foi, n’est pas là :

  Votre servante la petite Marguerite, sur ma foi, n’est pas là,
Elle est partie avec le marchand, en croupe sur sa haquenée ! —

  1. (1) Variante :

    Iannik le Bon-Garçon, que tu es un bel homme,
    Et avant qu’il soit jour, tu auras perdu la vie !