— Taisez-vous, taisez-vous, dit-il, père de bonne volonté,
Ne versez plus de larmes, voici votre fils.
Ne versez plus de larmes, voici votre fils,
Qui revient de l’armée ; pardonnez-moi, mon père.
Prenez ma pipe et mes deux pistolets ;
Je vous les donne, pour votre pénitence.
Afin que vous ne puissiez dire que vous avez nourri un fils
Pour vous affliger. Pardonnez-moi, mon père ! —
Entre la chapelle de St-Efflam (l)[1] et la colline de Menez-Bré,
Il y a un jeune capitaine qui lève une armée ;
Il y a un jeune capitaine qui lève une armée,
J’ai un fils Sylvestrik qui parle d’y aller aussi :
J’ai un fils Sylvestrik, et je n’ai que lui,
Il n’y a pas dans la compagnie de soldat qu’on aime comme lui.
J’aurai la bonté d’aller le demander.
Avec beaucoup de gens honorables, à son capitaine
Le capitaine, quand il entendit, s’arrêta pour écouter :
— Par vous, petit vieillard, je suis étonné :
Vous voulez tromper le roi, et avoir ses soldats ?
Il a touché l’argent, il faut qu’il aille à l’armée ;
Quand vous me donneriez cinq cents écus, vous ne l’auriez pas,
Il n’y a pas de soldat dans la compagnie qui me plaise autant que lui. —
— Adieu donc, cher Sylvestre, comme un enfant prodigue !
Si vous étiez resté à la maison, nous serions riches.
J’ai un petit oiseau auprès du seuil de ma porte,
Dans un petit trou du mur ; je crois qu’il couve.
- ↑ (1) La chapelle de Saînt-Efflam au nord-ouest sur la baie de Saint-Michel-en-Grève (Côtes-du-Nord).