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IV

  La petite Jeanne Le Iudec disait
A son père, en arrivant à la maison :
— Je vais me mettre au lit, car je suis malade,
Et jamais je ne m’en relèverai ;

  Jamais je ne m’en relèverai,
Si ce n’est une fois, pour être mise dans un linceul.
J’ai eu dix-huit amoureux clercs,
Philippe Olivier est le dix-neuvième ;

  Philippe Olivier, le dernier,
Celui-là me brise le cœur ! —
Philippe Olivier disait
A sa mère, en arrivant à la maison :

  — Je vais me mettre au lit, car je suis malade,
Et jamais plus je ne m’en relèverai :
Si je savais être la cause de la mort de Jeanne,
Je voudrais n’avoir jamais célébré la messe ! —

  Leurs corps sont sur les tréteaux funèbres,
Que Dieu pardonne à leurs âmes !
Ils sont allés tous les deux dans le même tombeau.
Puisqu’ils n’ont pas été dans le même lit !


Chanté par Marie-Josèphe Kerival,
Keramborgne — 1848.


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JEANNE LE IUDEK.
SECONDE VERSION.
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I

  Jeanne Le Iudec est demoiselle
Et ne daigne pas filer sa quenouille,
A moins que son fuseau ne soit d’argent,
Sa quenouille de corne ou d’ivoire.

  La petite Jeanne est sur le seuil de sa porte,
Occupée à ourler des mouchoirs,
A les ourler avec du fil d’argent ;
Pour couvrir le calice ils seront charmants.