Page:Luzel - Gwerziou Breiz-Izel vol 1 1868.djvu/473

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  Quel jugement feriez-vous à un homme
Qui viendrait dans votre maison avec des armes ;

  Qui viendrait dans votre maison avec des armes,
Pour prendre vos gens et vos biens ? —

  — S’il était paysan, le pendre,
S’il était gentilhomme, le faire détruire ; (1)[1]

  S’il était gentilhomme, le faire détruire ;
Voilà comme je le jugerais —

  Naïk Gwazarc’hant disait
Au seigneur de Logdu, en ce moment,

  — Seigneur de Logdu, si vous m’en croyez,
Vous n’irez pas à la ville de Rennes ;

  Vous n’irez pas à la ville de Rennes,
Car il y a eu quelque trahison,

  Et si vous êtes pris à Rennes,
Votre tête paiera votre rançon. —

  — Le trouve bon ou mauvais qui voudra.
J’irai à la ville de Rennes ! —

  Logdu est allé à Rennes,
Monté sur une haquenée mignonne ;

  Monté sur une haquenée mignonne,
Qui est ferrée de laiton ;

  Qui est ferrée de laiton blanc,
Et qui a une bride d’argent en tête.

  Comme il allait sur le grand chemin,
Il rencontra le valet du baron :

  — Seigneur Logdu, si vous m’en croyez,
Vous n’irez pas à la ville de Rennes,

  Car vous serez certainement pris,
Et vous vous êtes condamné vous-même :

  Et si vous êtes pris à Rennes,
Votre tête paiera votre rançon. —

  — J’ai été cent fois à Rennes,
Et je ne pense pas que le valet du baron,

  Je ne pense pas que le valet du baron
Puisse me détourner d’aller à Rennes ! —

  1. (1) Le mot distruja, détruire, indique un genre de mort moins déshonorant que la pendaison, comme la mort sur l’échafaud, par le feu, ou par les armes.