Page:Luzel - Gwerziou Breiz-Izel vol 1 1868.djvu/481

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  — Qu’y a-t-il de nouveau dans cette ville,
Que le pavé tremble de la sorte ?

  La geôlière répondit
Au comte Des Chapelles, quand elle l’entendit :

  — Un beau carrosse passe par ici,
Attelé de douze chevaux de lice ;

  Les goupilles (1)[1] en sont d’argent blanc,
Les fenêtres d’or jaune ;

  Et dedans est une demoiselle,
La plus belle princesse qui soit en Basse-Bretagne ! —

  La Marquise disait,
En arrivant à la cour du roi :

  — Bonjour, ma cousine la reine,
Je suis venue jeune à votre cour,

  Pour réclamer mon beau-frère, le comte Des Chapelles,
Pour son poids d’argent blanc ;

  Pour son poids d’argent blanc,
Et autant en or jaune ! —

  La reine répondit
A sa cousine, quand elle l’entendit :

  — Vous avez parlé un peu tard,
Mon mari a signé sa mort ;

  Mon mari a signé sa mort,
Et il ne peut pas aller contre sa signature. —
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

  L’homme de loi répondit
A la Marquise, quand il l’entendit :

  — Demain, à dix heures, dans cette ville,
Vous verrez, l’exécuter ! —

  — Notre-Dame Marie-du-Folgoat,
Comment mon cœur pourrait-il résister ?

  Comment mon cœur pourrait-il résister
A voir la tête de mon beau-frère sur un plat ?

  A voir la tête de mon frère chéri, si beau,
Roulant sur un plat d’argent !

  Mais pendant que je serai en vie,
Il ne manquera pas de guerre au roi ;

  Je vais retourner à la maison,
Pour chercher un feu d’artifice,

  1. (1) Goupille, esse, cheville ou crochet de fer en forme d’S, que l’on met au bout de l’essieu, pour maintenir les roues.