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ERVOANIK PRIGENT.
SECONDE VERSION.
________


I

  Ervoanik Prigent est allé à la mine d’or,
Jamais Tréguier ne sera pauvre ;
Jamais Tréguier pauvre ne sera,
A moins que La Villaudry ne l’attaque.

  La vieille sorcière de La Villaudry
Montait tous les jours sur le sommet du colombier ;
Elle montait tous les jours sur le sommet du colombier,
Et voyait sept lieues à la ronde autour d’elle.

  — Je vois venir Ervoanik Prigent,
Et avec lui dix-huit charretées d’argent ;
Dix-huit charrettes chargées d’argent et d’or,
Jamais La Villaudry ne sera pauvre.

  Sur le cheval de devant est un perroquet,
Qui sait le latin et le français ;
Qui sait le latin et le français,
Aussi bien qu’il sait le breton.

  La vieille sorcière disait
Un jour, au seigneur de La Villaudry :
— Seigneur de La Villaudry, préparez-vous,
Je vois venir Ervoanik Prigent ;

  Je vois venir Ervoanik Prigent,
Et avec lui dix-huit charretées d’argent ;
Dix-huit charrettes pleines d’argent et d’or,
Jamais La Villaudry ne sera pauvre. ... —

  Ervoanik Prigent disait
A ses charretiers, ce jour-là :
— Conduisez légèrement et sans bruit,
Car c’est ici La Villaudry ! —

  Il n’avait pas fini de parler,
Qu’il a pris la tête du cheval de devant ;
Il a pris la tête du cheval de devant,
Et La Villaudry l’a salué :

  — Ervoanik Prigent, restez passer la nuit,
Les brigands sont à Koat-ann-noz. —
— Autant vaut que je meure dans un bois,
Que dans votre maison, je le sais bien. ... —