En entrant dans la maison,
Il a rencontré une belle demoiselle ;
Il a rencontré une belle demoiselle,
Et lui a offert son perroquet. …
Il fallait voir Ervoanik Prigent,
Jouant d’un flageolet d’argent ; [1][1]
Si bien que la mie disait à son père
Qu’elle voulait l’avoir pour époux !
— Ervoanik Prigent, dites-moi,
Etes-vous marié ou ne l’étes-vous pas ? —
— J’ai sept enfants,
Et je voudrais être auprès d’eux, à la maison ! —
Et quand ils eurent fini de souper,
Ils se mirent à jouer aux cartes ;
À jouer aux dés et aux cartes,
Et Ervoanik gagnait à chaque coup.
— Gagne, Ervoanik, tant que tu voudras,
Mais voici l’heure où tu mourras ! —
— Seigneur de La Villaudry, si vous m’aimez,
Vous ne me tuerez pas sur l’aire de votre maison ;
Conduisez-moi dans un coin de votre écurie
Que je voie mon cheval avant de mourir ;
Que je voie mon cheval avant de mourir,
Il m’a coûté cinq cents écus d’or. —
La vieille sorcière, du coin du feu,
Dit aussitôt :
— Ne le conduisez pas à l’écurie,
Vous n’êtes pas capables, trois à trois, de maîtriser son cheval. —
Ervoanik Prigent, en entendant cela,
Poussa trois cris, de toutes ses forces ;
Il a poussé trois cris, de toutes ses forces,
Et son cheval a brisé trois portes.
Bien dur de cœur eut été celui qui n’eut pleuré,
Etant à La Villaudry,
En voyant les charretiers morts.
Pendus avec leurs guides ! (1)[2]
Le petit page s’est échappé,
Il s’est sauvé par la porte du jardin ;
Il s’est sauvé par la porte du jardin,
Et est allé porter la nouvelle à Tréguier.
- ↑ (1) Je traduis le mot kanjolenn par flageolet, quoique je ne le trouve ni dans Lagadeuc, ni dans Le Gonidec ; c’est un mot tombé en désuétude, mais que je me rappelle avoir entendu dans d’autres chants populaires.
- ↑ (1) Landon, Landoniou, au pluriel, cordes, guides, au moyen desquelles les charretiers dirigent leurs chevaux.