Page:Luzel - Gwerziou Breiz-Izel vol 1 1868.djvu/503

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  Et quand l’épée nue serait dans mon cœur,
(Je dirais) : Kerdadraon est mon ami !
Je vais trouver ma nourrice,
Qui est aussi ma gouvernante :

  Ma nourrice, dites-moi,
Le temps n’est-il pas venu de me marier ? —
— Vous n’avez que douze (ans), prenant treize,
C’est un peu tôt pour vous marier :

  Il faudra avoir la permission de votre père,
Et celle de vos parents, jusqu’à l’âge de quinze ans ;
Et votre père est allé à Paris,
Et il n’en reviendra pas avant onze mois ;

  Mais je vais écrire des lettres,
Pour envoyer au seigneur votre père. —
— Ma nourrice, ne faites point cela,
Je me marierai sans sa permission ! —

II

  La nourrice demandait.
Un matin, de son lit :
— Qu’y a-t-ii donc de nouveau en ville,
Que tous les pavés tremblent ? —

  — Ce sont les carrosses de Kerdadraon,
Ma chère nourrice, qui viennent me prendre ! —
L’héritière disait
Au seigneur de Kerdadraon, en ce moment :

  — Vous n’avez pas cherché de demoiselles (d’honneur),
Je n’irai pas avec vous à Kerdadraon ! —
— J’ai cherché des demoiselles assez,
Ma cousine et ma tante. —

  L’héritière disait,
À sa nourrice, en la quittant :
— Nourrice chérie, si vous m’aimez.
Vous ferez mes excuses à mon père. —

III

  Le seigneur de Lezarmo disait,
En arrivant à la maison :
— Mon héritière, où donc est-elle ?
Elle n’est pas venue me recevoir. —

  La nourrice répondit
Au seigneur, quand elle entendit :
— Votre héritière est à Kerdadraon,
Il y aura demain dix mois pleins. —