Page:Luzel - Gwerziou Breiz-Izel vol 1 1868.djvu/509

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  — Petite Yvonne, venez avec moi,
J’enverrai votre mère au couvent ;
Je ferai de votre mère une nonne,
Et vous, Yvonne, vous serez baronne. —

  Il la pria tant et tant,
Qu’elle l’accompagna à sa maison ;
Qu’elle l’accompagna à Goazhamon, (1)[1]
Hélas ! pour l’affliction de son cœur !

  Le jeune baron disait
A sa gouvernante, en arrivant :
— Mettez la broche au feu,
Pour le souper de la petite Yvonne et le mien.

  Le jeune Baron disait
A son petit page, cette nuit-là :
— Descendez, et dites à Yvonne
De venir souper avec moi. —

  — On vous dit, Yvonne,
De venir souper avec le Baron. —
— Je souperai avec les domestiques,
Et je coucherai avec la cuisinière. —

  — Mon Seigneur, Yvonne a répondu
Qu’elle ne viendra pas souper avec vous ;
Elle soupera avec les domestiques,
Et couchera avec la cuisinière. —

  — Descendez, et dites à Yvonne
De venir, vite, souper avec moi ;
Et quand elle serait la fille d’un marquis,
Elle ne ferait pas plus de façons ! —

  — On vous dit, Yvonne,
De venir souper avec le Baron,
De venir vite, de vous dépêcher,
Car la soupe refroidit. —

  Le jeune Baron disait,
Cette nuit-là, à Yvonne Hamon :
— Et quand vous seriez la fille d’un marquis,
Vous ne feriez pas plus de façons ! —

  — Mon honneur, que j’aime parfaitement,
Etait cause que je ne voulais pas venir. —
Yvonne Hamon disait,
En s’asseyant à la table du Baron :

  1. (1) Il y a un manoir de Goazhamon en la commune de Plouisy, arrondissement de Guingamp.