Page:Luzel - Gwerziou Breiz-Izel vol 1 1868.djvu/565

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  Votre fils Yves a été ici,
Et il a menacé de vous tuer ;
Il nous menace de nous oter la vie,
Parce que vous touchez ses rentes. —

  — Il vous faudrait me le jurer souvent,
Avant que je puisse vous croire ;
Mon fils Yves certes m’aimait
Plus qu’aucun de vos enfants. —

  — Si je ne suis pas digne de foi,
Demandez-le à vos domestiques ;
Demandez-le à vos serviteurs,
A vos valets, à vos servantes. —

III

  Le seigneur Baron, dès qu’il entendit.
Monta sur sa haquenée ;
Il monta sur sa haquenée,
Et prit le chemin de Rennes.

  Comme il allait sur le grand chemin,
Il rencontra le grand prévôt ;
Il rencontra le grand prévôt,
Et lui donna son nom (celui d’Ervoanik).

  — Envoyez qui vous voudrez pour l’arrêter,
C’est Yves Le Lintier qu’on l’appelle,
Et partout où il portera ses pas,
Son nom sera Yves Le Lintier. —

  Quand Yves Le Lintier dormait,
Et qu’il ne songeait pas à mal,
Arrivèrent dix-huit archers,
Pour le lier avec une corde.

  Les dix-huit archers demandaient
A sa nourrice, ce jour-là :
— Chère nourrice, dites-nous,
Yves Le Lintier où est-il allé ? —

  — Il est couché dans son lit,
Que lui voulez-vous ? —
— Nous sommes dix-huit archers de Rennes
Venus pour emmener Ervoanik en prison. —

  La pauvre nourrice, quand elle entendit,
S’affaissa par trois fois à terre ;
Elle s’affaissa trois fois à terre,
Les gens de la justice la relevèrent.