Sur le haut des montagnes,
Pour aller aux combats !
Voici venir les navires des loups de mer,
Qui apportent la guerre en Armorique !
Ils ont pris le Gueodet,
Et en ont incendié l’église.
Aiguisons, etc.
Le vieil évêque, les larmes aux yeux,
A été forcé de quitter sa patrie ;
Il est allé chercher un autre pays
Où ne viendront pas les méchants.
Personne n’ose plus rester en Armorique,
Tant on a en horreur les hommes de mer ;
Moissons, maisons, animaux et gens,
Ils détruisent tout, grands et petits[1].
Mais le roi, dès qu’il en a été instruit,
A grincé des dents avec rage,
Et vite il s’est mis en route,
Avec tous ses gens et ses parents.
Une grande armée a été levée,
Et nous sommes descendus en Armorique ;
Dans une grande plaine, au pays d’Arvor.
Nous avons rencontré les loups de mer.
Pendant trois jours nous avons résisté,
Pendant trois jours nous nous sommes battus;
Pendant trois nuits, sans reprendre haleine,
Nous n’avons fait que tuer:
Tuer, a faire ruisseler le sang rouge,
Des deux côtés, comme deux grands ruisseaux ;
Tuer, comme on bat la paille,
La paille de seigle, quand il est mûr !
- ↑ « Nul orage, dit Dargentré, nul tourbillon ne fut jamais tel : villes, châteaux, églises, monastères, maisons, allèrent par terre sans nul respect : tout fut massacré a souhait. »