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— Pour à présent, je n’irai point,
Quelqu’autre fois, je ne dis pas ;
Quelqu’autre fois, je ne dis pas.
Mais en ce moment j’ai affaire pressée ;

Il me manque environ cinq cents écus,
Me les donneriez-vous, ma commère ?
— Au lieu de cinq cents que vous demandez,
Vous en aurez cinq mille, si vous voulez ?

— Je voudrais, ma grande commère,
Vous voir avec votre suite à Keranglas…
— Recevoir ma suite à Keranglas
Serait certainement pour vous une grande dépense.

— À Keranglas il y a du pain cuit,
Et, s’il en manque, on en trouvera encore ;
Et, s’il en manque, on en trouvera encore ;
Venez avec votre suite à Keranglas.

— Descendez, seigneur de Keranglas,
Pour que j’aille à cheval, à votre place.
— Quand je mettrai cent écus dans une haquenée,
Elle devra porter un autre et moi.

Entre Coadandrézen et Keranglas
On compte qu’il y a trois grandes lieues ;
On compte qu’il y a trois grandes lieues,
Faites par moi en une heure d’horloge….

Quand elle arriva à Keranglas,
Elle monta à la plus haute tour,
Et se mit à siffler :
Celle-là sifflait avec courage !

Elle sifflait à tue-tête,
Afin que les brigands l’entendissent…
………………………………………………………
— Il me manque cinq fusils chargés,
Me les trouveriez-vous, ma grande commère ?

— Au lieu de cinq fusils que vous demandez,
Vous en aurez cinq cents, si vous voulez ;
Vous en aurez cinq cents, si vous voulez…
Et elle désarma sa suite.

Puis, quand elle entendit sonner le bal,
Pour rassembler tout le monde :
— Prenez garde, seigneur de Keranglas,
Que vous ne soyez à combiner quelque trahison ?