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J’ai été la chercher,
Ce midi, chez son père,
Et j’espère, avec la grâce de Dieu,
La reconduire à la maison.

Traonlavané disait
À Jeanne Le Bihan, en ce moment :
— Petite Jeanne, vous fianceriez-vous
Au premier fils qui vous demanderait,

S’il était homme de qualité,
Possesseur de cinq mille écus de rente ?
— Je n’étais pas si jeune,
Que je ne susse répondre incontinent :

— Monsieur le marquis, excusez-moi,
Vous n’êtes pas le premier à me demander ;
Si j’étais allée avec le premier,
Je ne serais pas à marier, à présent.

Ce n’est pas dans les carrefours,
Que se font les fiançailles,
Mais dans l’église ou dans le porche,
Devant notre Sauveur béni.

Mais dans l’église ou dans le porche,
Devant notre Sauveur béni,
(Avec) quelques personnes pour témoins,
Et un prêtre, s’il n’y en a deux.

— Taisez-vous, Jeanne, ne pleurez pas,
Je vous reconduirai à la maison, quand vous voudrez.
— Vous ne me reconduirez pas, Monseigneur, pour aujourd’hui,
Attendez jusqu’à demain matin.

III

Jeanne Le Bihan disait
À son père, en arrivant à la maison :
— J’ai fait une promesse,
Mon Dieu, je voudrais ne l’avoir pas faite ;

J’ai fait une promesse
Au seigneur de Traonlavané,
Hélas ! et je voudrais ne l’avoir pas faite…
Mon Dieu, que dois-je faire ?

Le vieux Le Bihan, sitôt qu’il entendit,
Donna un soufflet à sa fille :
— Pourquoi as-tu promis,
Si tu ne veux pas y aller ?