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IV

L’héritière disait,
En arrivant à Châteaugal :
— Apportez-moi un escabeau pour m’asseoir,
Si je suis la belle fille de cette maison.

Escabeau pour s’asseoir lui a été donné,
Et un autre à son mari, auprès d’elle :
— Ouvrez toutes grandes les fenêtres,
Je vois des pauvres par bandes ;

Ouvrez toutes grandes les fenêtres,
Afin que je leur donne une partie de mes biens.
Quand je regarde encore vers la grande route,
Je vois un cavalier vêtu de bleu ;

Un cavalier vêtu de bleu,
Qui ressemble à Kerthomas…
Et Kerthomas demandait,
En arrivant à Châteaugal :

— Bonjour et joie à tous dans cette maison,
L’héritière où est-elle ?
— Kerthomas, entrez dans la maison,
Afin que votre cheval aille à l’écurie.

Un banquet est terminé,
Et un autre est commencé ;
Et un autre est commencé,
Quand le souper sera terminé, vous la verrez….

L’héritière disait
À sa petite servante, cette nuit-là :
— Délacez-moi mes corsets,
Car mon cœur est brisé !

Elle n’avait pas fini de parler,
Qu’elle tomba à terre ;
Elle tomba à terre,
Et mourut aussitôt sur la place.

Et Kerthomas (mourut) aussitôt qu’elle,
Avant de sortir de la maison !….

Dieu pardonne à leurs âmes,
Ils sont tous les deux sur les tréteaux funèbres ;
Ils sont tous les deux devant Dieu,
Et puissions nous tous y aller aussi !…


Chanté par Marie Daniel,
de la paroisse de Duault (Côtes-du-Nord).