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FRAGMENT DE LA MÊME BALLADE


— Ma petite mère chérie, dites-moi,
Quand serai-je fiancée ?
Si vous faites, faites que ce soit tout de suite,
Car le Marquis de Mesle est au pays.

— Jusqu’à ce que vous ayez vingt-cinq ans,[1]
À moins d’avoir le consentement de vos parents.
— Pour mes parents du côté de mon père
Ne m’ont jamais voulu de bien….

………………………………………………………………

L’héritière demandait
À sa fille de chambre, un jour :
— Qu’est-ce qui passe par là,
Que le pavé en tremble ?

— C’est le Marquis de Mesle sur son cent (en grande tenue),
Qui vient, héritière, pour vous voir.
— Et quand il serait sur son mille,
Je n’éprouve aucune joie de sa présence.

…………………………………………………………………

À Kerthomas j’ai été,
Et je jure que je n’y ai rien vu
Qu’une vieille salle enfumée,
Bonne pour servir de nid aux hiboux ;

Et au milieu de la salle est une mare
Faite aux canards pour s’ébattre.
— Tu mens au milieu de ta face !
À Kerthomas il y a de grands biens.

À Kerthomas j’ai été,
Et j’y ai vu assez de (belles) choses :
À Kerthomas il y a une salle
Qui est dorée jusqu’à la terre :

Les meubles en sont d’ivoire,
Celle-là est belle, plus que jolie !
Il ne s’y trouve ni porte ni fenêtre
Qu’on n’ait de quoi les dorer….


AUTRE FRAGMENT.


Petite héritière, vous êtes fière,
Et les gens savent bien que vous l’êtes,
Avoir refusé le fils de Luzuron,[2]
Lui qui est beau comme un baron.


  1. Sous-entendu — Vous ne pouvez vous marier.
  2. Altération peut-être de Lannuzouarn, nom de famille de la mère de la jeune héritière de Keroulaz.