S’il vous plait, écoutez et vous entendrez chanter
Une chanson nouvelle qui a été composée cette année ;
Elle a été faite à une jeune mineure qui était servante
À Lannion, dans une hôtellerie.[1]
La nuit de la fête des Rois, l’année passée,
Arrivèrent deux maltôtiers pour demander à loger :
Ils ont demandé à manger, et aussi à boire,
Et la servante la petite Perrine pour les servir.
— Sauf-vos-grâces, dit l’hôtesse, pour cela elle ne fera pas ;
Voilà sept ans qu’elle est dans ma maison et jamais homme elle n’a servi.
Pendant que la servante la petite Perrine les servait à table,[2]
Le cœur des maltôtiers s’échauffait pour elle.
Quand ils eurent soupé et que l’heure fut venue d’aller se coucher,
Ils demandèrent une lanterne, avec de la lumière ;
Ils demandèrent une lanterne, avec de la lumière claire,
Et la servante la petite Perrine pour les reconduire chez eux.
Celle-ci (l’hôtesse) est une femme pleine de bonté,
Et elle allume de la lumière dans la lanterne pour la donner à sa servante :
— Voici la lanterne, avec une lumière claire dedans,
Allez à présent, petite Perrine, les reconduire chez eux.
Quand ils furent rendus à quelque distance de la maison,
L’un des maltôtiers se détourna vers la petite Perrine :
— Eteignez votre lanterne, petite Perrine, éteignez votre lumière claire.
— Comment pourrai-je alors retourner à la maison ?
- ↑ Variante :
En l’année cinq cents quatre-vingt et six
Dans la ville de Lannion, un malheur est arrivé :
Un malheur est arrivé dans la ville de Lannion,
Qui désole beaucoup d’honnêtes gens.
(Un malheur est arrivé) à une jeune fille qui servait
Chez un commissaire au vin, dans une auberge.
Celle-ci était une jolie fille, d’un visage agréable,
Et qui était polie avec tous ceux qui lui parlaient.
Dans le Barzaz-Breiz, il y a 1693, — presque toutes les dates des chants populaires un peu anciens sont arbitraires et fausses. - ↑ Il y a contradiction : l’hôtesse vient de dire que la petite Perrine ne servirait les maltôtiers, et voici qu’elle le fait pourtant.