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— Venez avec nous, petite Perrine, venez avec nous dans notre maison.
Je vous donnerai à goûter de trois sortes de vins.
— Merci, Messieurs, merci de votre meilleur vin,
Chez ma maîtresse il y en a de quatre sortes, et j’en bois quand je veux.

— Venez avec nous, petite Perrine, venez au bord du quai,
Afin que nous disposions de vous à notre volonté.
— Sauf votre grâce, maltôtiers, je n’irai pas,
Tout honnête homme est à présent couché dans son lit ;

J’ai dans cette ville des cousins prêtres,
Et quand je paraîtrai devant eux, comment (oser) lever la tête ?
Celle-ci (l’hôtesse) est une femme pleine de bonté,
Et elle reste, la nuit, sur pied, pour attendre sa servante.

Dix, onze heures sont sonnées, il est minuit passé,
La servante la petite Perrine ne revient pas.
Cette femme va alors au lit de son mari :
— Seigneur Dieu, mon mari, vous dormez sans souci,
Et la servante, la petite Perrine ne revient pas !

— Seigneur Dieu, dit-il, je ne dors pas sans souci ;
J’ai un frère prêtre qui dira une messe pour elle ;
Qui dira une messe pour elle, à l’autel du rosaire,
Afin que Dieu veuille qu’elle arrive à la maison.

Il quitta son lit, pour parcourir les rues,
Tant et si bien qu’il arriva aux buttes :
Et il entendit une voix comme si elle venait du ciel :
— Vas au pont de sainte Anne, et là tu la trouveras !

Arrivé près du pont, il la trouva morte,
Près d’elle la lanterne et la lumière dedans :
Et il se mit à crier, se frappant sur le cœur :
— Seigneur Dieu, disait-il, petite Perrine Le Mignon !

Seigneur Dieu, disait-il, petite Perrine Le Mignon,
Tu étais depuis sept ans dans ma maison, tu étais une honnête fille !…
……………………………………………………………………………………

Je vous prie, pères et mères qui élevez des enfants.
Et vous aussi, maîtres et maîtresses, et tous ceux qui ont des serviteurs,
Ne les laissez pas aller se promener, la nuit,
Aller seuls, la nuit, surtout les filles ![1]


Chanté par Marguerite Philippe,
de Pluzunet — Côtes-du-Nord.


  1. Variante :

    À force de parcourir la Ville de Lannion,
    Il arriva dans la mer de Cupidon (?)
    Il la trouva morte dans le porche de Saint-Pierre,
    Avec la lanterne auprès d’elle, la chandelle encore allumée.

    La lanterne auprès d’elle, la chandelle encore allumée,
    Et sous elle une mare de sang !….
    La bénédiction de Dieu soit sur ton âme, Perrine Le Mignon,
    La meilleure servante qui fût dans la ville de Lannion !

    Chanté par Louis Loyer, — de Duault.

    Rapprocher de « L’Orpheline de Lannion » du Barzaz-Breiz — page 322 — 6e édition, 1867.