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LA FEMME AUX DEUX MARIS
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I

En revenant d’une aire-neuve,
Je fis une promesse.

Je rencontrai une jolie jeune fille,
Et elle me plut à souhait.

Et moi de lui demander :
— Jeune fille, vous fianceriez-vous ?

— Je me trouve bien jeune encore
Pour me fiancer cette année.

— Un mouchoir de satin à fleurs
Et une bague dorée,

Si vous êtes fidèle à votre promesse,
Jeune fille, les voilà.

Pour moi, je vais, à présent, à l’armée,
Pour servir le roi.

Et dans deux ans, ou trois,
Je reviendrai vous épouser.

II

Voilà les deux ans passés,
Son père l’a fiancée ;

Son père l’a fiancée
À un vieillard qu’elle n’aimait point.

— Pour obéir à vos paroles,
Mon père chéri, je le prendrai ;

Je le prendrai pour mari,
Mais pour coucher avec lui, je ne le ferai point…

Comme minuit sonnait,
Elle entendit la voix d’un clairon ;

Elle entendit la voix de son serviteur,
Qui revenait de la guerre.