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Page:Luzel - Gwerziou Breiz-Izel vol 2 1874.djvu/192

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III

Jean L’Arc’hantec disait,
En se promenant sur la mer ;

— Petit page, petit page, mon petit page,
Toi qui es diligent et leste,

Monte en haut du grand mât,
Pour voir où nous sommes ici.

Le page, en montant, chantait,
Et en descendant, il pleurait :

— Je suis monté aussi haut que j’ai pu,
Et J je n’ai vu aucune terre ;

Je n’ai vu aucune terre ;
(Je n’ai vu) que quatre navires espagnols ;

Leurs vergues sont au ras de la mer,
Mon pauvre maître, signe de mauvais augure ;

Leurs vergues sont couleur de sang,
Mon pauvre maître, signe de combat !

Quand Jean L’Arc’hantec entendit (cela),
Il dit à ses matelots :

Mes matelots, je vous en prie,
Ne soyez pas traîtres à mon endroit :

Ne soyez pas traîtres à mon endroit,
En mettant du papier au lieu de boulets (dans les canons).

— Taisez-vous, (rassurez-vous) maître, ne soyez pas inquiet,
Nous ne serons pas traîtres à votre endroit :

Nous ne serons pas traîtres à votre endroit,
(Au point) de mettre du papier au lieu de boulets ;

Aussi longtemps que durera la vie dans ce corps-ci,
Jamais trahison je ne fais (ferai) !

Quand Jean L’Arc’hantec entendit cela,
Il se déshabilla en corps de chemise ;

Sur le pont il est monté,
Et il a tiré trois coups de canon :

Le quatrième coup a raté,
On avait mis du papier au lieu de boulet !