Le grand espagnol demandait
À Jean L’Arc’hantec en le prenant :
— Dis-moi, Breton enragé,
De quoi es-tu chargé ?
Jean L’Arc’hantec répondit
Au grand espagnol, quand il l’entendit.
— Je suis chargé de figues et de noix
Et d’amandes, jusqu’à la cale ;
Je suis chargé du vin d’Espagne du meilleur,
Venez avec moi pour le goûter.
Le grand espagnol disait
À Jean L’Arc’hantec, en ce moment :
— Si tu me donnes ta fille ainée,
Je te laisserai la vie ;
Je te laisserai ta Marie (le navire),
Pour aller combattre sur la mer.
L’Arc’hantec avait une fille
Dont les mains étaient blanches comme la neige ;
Ses deux petites mains et ses joues,
Étaient aussi belles que le lait dans le pot.[1]
Jean L’Arc’hantec répondit :
Au grand espagnol, là, en ce moment :
— Jamais je ne livrerai ma fille,
Il faut que je la perde ou que tu la gagnes !….
……………………………………………………………
— De la tête aux pieds,
Tu souilles ma chemise de sang !
Si elle était entre les mains de Jeanne Hélary,
Celle-là en retirerait le sang.
Jean L’Arc’hantec disait
À ses matelots, là, en ce moment ;
— Mes pauvres matelots, je vous en prie,
Vous allez à la maison, moi, je n’irai pas ;
- ↑ Le lait blanc dans le pot noir.