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  — Tenez Claudine, prenez cent écus
Pour nourrir votre enfant, quand il sera né :
Voilà encore deux écus de plus,
Pour avoir des lisières.

  — Et quand j’aurais douze enfants,
Tous à l’aventure, (sans pères légitimes),
Je leur aurais des habits de satin blanc,
Et les enverrais à l’école en bande,

  J’ai sept frères au service du roi,
Et bientôt ils auront leur congé ;
Alors Claudine Cabon sera épousée,
Ou le cadet de Lezveur sera décapité.

  Le cadet de Lezveur disait
À sa mère, en arrivant à la maison :
— Laissez-moi épouser Claudine Cabon,
Pour que je ne sois pas conduit en prison.

  — Il n’y a pas de Cabon dans le pays,
Mon fils, qui puisse vous arracher d’ici !
Elle n’avait pas fini de parler,
Que la cour était pleine de sergents.

III

  Dix-huit Cabon et des bons,
Sont allés à Rennes en une bande ;
Et il n’était aucun parmi eux
Qui n’eût mille écus à son côté.

  Le cadet de Lezveur disait,
Assis dans la prison de Rennes :
— Faites rôtir les Cabon,
Il y en a assez dans le pays !

  Et les Cabon disaient,
En l’entendant, là, sur le champ :
— Bien que notre nom soit Cabon[1],
Ce n’est pas nous qui serons rôtis !

  Le cadet de Lezveur disait,
Un jour, aux gens de la Justice :
— Faites sortir le cadet de Lezveur de sa prison,
Pour aller épouser Claudine Cabon ![2]


Chanté par Marie Clec’h, bûcheronne
Loguivy Pougras, — Novembre 1863


  1. Dans toute la pièce, on joue sur le mot Kabon, qui signifie : Chapon.
  2. M. Pol de Courcy me fait connaître qu’il y a dans la commune de Saint-Pol-de-Léon une ferme du nom de Lesveur, et qu’il existe encore des Cabon dans le pays.