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L’INFANTICIDE
________


I

Je suis la fille d’une hôtesse de la paroisse de Lanmérin[1],
Et j’ai eu, cette année, un enfant, pour mon malheur !

J’ai eu un enfant, et je l’ai tué ;
Je l’ai mis sous la tige de la croix.

Un bœuf l’a découvert avec son pied ;
Dieu ne voulait pas que mon péché restât caché.

Comme j’étais la fille d’un riche tavernier,
J’étais aimée de tout le monde, les nobles et les riches.

(J’avais) des mouchoirs à la mode, des coiffes à dentelles,
Et à présent, pour finir ma vie, (j’aurai) une chemise soufrée !

J’ai pris mon fils, je l’ai mis dans un panier,
Que j’ai mis sur le pli de mon bras, et je l’ai porté en ville.

— Bonjour, seigneur juge et seigneur lieutenant,
Voici mon enfant, et mon corps aussi :

J’ai tué mon fils et je l’ai mis dans un panier,
(Et je suis venue) entendre mon jugement et ma misère.

Voici mon fils, seigneur lieutenant,
Exercez votre justice sur mon corps, puisque me voici présente !…

…………………………………………………………

Les moines du couvent bleu et les frères de Saint-François,
Ceux-là me regardaient de près, pendant qu’ils me confessaient :

— Courage, disaient-ils, ma fille, et quand tu en aurais tué cent,
Tu iras au Paradis, à l’instant même ;

Prends confiance en Dieu et dans la Vierge Marie,
Et quand tu en aurais tué cent, au paradis tu iras !…

……………………………………………………………[2]



Chanté par Marie-Josèphe Cado.
Plouaret, — 1847.




  1. Lanmérin, dans l’arrondissement de Lannion.
  2. La pièce doit être incomplète.