Alliette Le Rolland a fait
Ce que personne n’eût fait ;
Elle a tué son fils ainé,
Pour faire seigneur son plus jeune (fils),
Elle a tué son fils le clerc,
Pour faire seigneur son cadet.
Alliette Le Rolland allait en haut,
Avec un grand couteau sur le pli de son bras.
Alliette Le Rolland demandait
À son fils de Boisgelin, cette nuit-là :
— Mon fils de Boisgelin, dites-moi,
Où est le mal dont vous souffrez ?
— Entre ma tête et mon cœur,
J’éprouve une douleur qui est déraisonnable.
— J’ai ici, mon fils, un remède
Qui guérira votre cœur et votre tête…
Mon fils, frappez le premier coup,
Moi, je frapperai le second, le dernier.
— Ma mère, pour le tuer, je ne le ferai pas,
Le cœur de le faire je n’aurai ;
Je n’ai pas le cœur de le tuer,
Il sourit et pleure en me regardant !
— Voici un fils à qui j’ai donné le jour
Et qui ne voudrait pas me faire un plaisir, à ma requête !
— Mon frère, laisse-moi la vie,
Et je te donnerai toutes mes rentes ;
- ↑ Le château de Bolagélin, où se passe le fait tragique qui fait le sujet de ce gwerz, se trouve dans la commune de Pléhédel, dans les Côtes-du-Nord.