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  Il a un bœuf à quatre pieds blancs,
Qu’il conduit aux bouchers ;
Il le conduit aux bouchers,
Il sauvera sûrement sa peau.

  Je ne blâme personne, d’aucun côté,
Ni personne aussi de ma famille,
Si ce n’est le fils de Le Bris, de Ploubezre,
Celui-là, je voudrais le voir vis-à-vis de moi !

  Celui-là me dit un jour
De lui procurer un enfant non baptisé,
Et il m’apprendrait des secrets
Pour voler les gens sur les chemins.

  Et moi, dès que j’entendis (cela),
(De dire) à une jeune femme que je rencontrai :
— Jeune femme, dites-moi,
Combien de mois a l’enfant que vous portez ?

  — Il a huit mois et demi,
Mon temps est presque fini.
Et moi, dès que j’entendis (cela),
Je tirai mon coutelas ;

  Je tirai mon coutelas,
Et je la coupai par la ceinture ;
Et j’en retirai son fils,
Le plus beau qui fût sous le firmament.[1]

  Quand j’arrivai au bourg de Ploubezre,
Le fils de Le Bris n’était pas à la maison.
Dur eût été le cœur de celui qui n’eût pleuré,
S’il eût été au bourg de Ploubezre,

  En entendant le pauvre innocent,
Qui demandait l’huile du baptême ;
Qui demandait l’huile du baptême,
Et le sacrement (de l’extrême onction) pour sa mère.

  Je fis après cela un plus beau coup.
En tuant mon père dans son lit !
Il y avait trois ans qu’il était malade sur son lit ;
J’allumai le feu sous lui ;

  1. Ce passage se trouve mot pour mot dans « Kloarek Javre » qu’on trouvera plus loin.