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LES SARRASINS
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I

Je vous prie, jeunes filles, je vous prie et vous supplie,
Quand vous irez à Saint-Jacques, n’y allez pas trop sans souci ;
Quand vous irez à Saint-Jacques, n’y allez pas trop sans souci,
La fille d’un homme honorable a été enlevée en y allant ;

La fille d’un homme honorable a été enlevée en y allant,
Par trois jeunes soldats, pour la conduire aux Sarrasins :
Ils avaient seulement dit qu’elle ne recevrait pas d’affront,
Avant d’avoir été sept ans parmi les Sarrasins.

II

Pendant sept ans la petite Louise n’a fait que chanter ;
Quand les sept ans furent écoulés, elle commença à pleurer ;
Quand les sept ans furent écoulés, elle a commencé à pleurer,
Et le grand Sarrasin alors lui a demandé ;

— Dites-moi, petite Louise, quel est le sujet ?
Les autres jours vous chantiez, et à présent vous pleurez…
— Comment, répondit-elle, ne pleurerais-je pas ?
Aujourd’hui je suis chrétienne, et demain je ne le serai pas !

— (Je pleure) en entendant la voix des pauvres de mon pays qui sont à la porte,
Affamés, souffrant du temps et demandant qu’on leur ouvre.
— Ouvrez leur, petite Louise, dites leur d’entrer dans la maison.
Donnez-leur de bon vin à boire et du pain blanc à manger.

Et pendant que la petite Louise était à les servir,
Elle remarqua son bien-aimé au haut bout (de la table) :
— Je te trouve, lui dit-elle, terriblement effronté, (hardi)
Puisque tu viens me voir, ici, parmi les Sarrasins !…[1]
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Et elle d’aller au jardin, pour le voir :
Quand elle arriva dans le jardin, il (le grand Sarrasin) dormait.
Elle d’aller alors dans sa chambre et d’emporter
Quatre-vingts couverts d’argent, et de les embarquer.

  1. il y a évidemment une lacune.