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LA RELIGIEUSE
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I

Il y a trois nuits que je n’ai dormi goutte,
Et cette nuit je ne le ferai pas encore,
(Je ne fais) qu’embrasser mon oreiller,
Et songer que mon doux (ami) est près de moi.[1]
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II

Elle n’était âgée que de treize ans,
Quand elle eut un chapelet,
Un chapelet de cinq dizaines,
Pour le porter en l’honneur de la Vierge.

Une chapelle était près d’elle (de sa demeure),
Nommée la chapelle du Mur-Blanc,[2]
Et elle songea dans son cœur,
À s’y rendre, pour prier.

Un jeune clerc, en passant,
Remarqua la lumière ;
Remarqua la lumière
De Marie en prière.

Et il lui prit la fantaisie
D’aller lui parler, dans la chapelle :
— Salut à vous, ma douce Marie,
Voudriez-vous venir à la maison avec moi ?

— Oh ! oui, dit-elle, mon serviteur ;
Puisque vous êtes arrivé, j’irai à la maison ;
Pour une fois je ne vous refuserai pas.
Mais je vous en prie, une autre fois ne venez pas.

Comme ils allaient par le chemin,
Il lui donna une bague :
— Je ne prendrai pas de bague, aujourd’hui,
Ni n’en mettrai sur mes doigts ;


  1. Ce premier couplet me semble avoir peu de rapport avec le reste de la pièce. Je croirais assez volontiers que c’est une interpolation.
  2. Peut-être faut-il traduire « ar Vur-Wenn > par le Bourg-Blanc, car nos paysans appellent ordinairement « ar Vur-Wenn, » la famille et le manoir de ce nom, en Plourivo. — Il y a aussi, dans le Finistère, une commune qui a nom le Bourg-Blanc.