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MARIE LE MOAL
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I

  — Bonjour à vous tous, gens de cette maison,
Marie Le Moal, où est-elle ?
— Elle est en haut, dans les chambres,
À empeser ses coiffes.

  — Marie Le Moal, si vous m’en croyez,
À ma première messe vous ne viendrez pas ;
Si vous veniez à ma première messe,
Vous briseriez mon cœur !

  — S’en fâche qui voudra,
À votre première messe j’irai ;
À votre première messe j’irai,
Et je mettrai dans le plat :

  À votre première messe j’irai,
Et je mettrai dans le plat,
Afin que mes compatriotes disent :
— Marie Le Moal n’est pas mal avisée !

II

  Et le clerc demandait
Au sacristain de la paroisse, un jour :
Sacristain de la paroisse, si vous m’aimez,
Pour qui sonnez-vous le glas funèbre ?

  — Pour la plus jolie fille de ce pays,
Et c’était Marie Le Moal, si je ne me trompe.
Le jeune clerc demandait
Au recteur de sa paroisse, ce jour-là :

  — Monsieur le recteur, dites-moi,
Me laisserez-vous aller chercher le corps mort ?
— Vous n’irez pas chercher le corps mort,
Quand il sera dans le cimetière, je ne dis pas.

  Quand le corps fut rendu dans le cimetière,
Il s’est jeté sur le cercueil pour l’embrasser ;
Il s’est jeté sur le cercueil pour l’embrasser.
Et son cœur s’est brisé !