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III

  Anne Le Gardien disait
En arrivant au seuil de la porte de son père :
— Mon pauvre père, ouvrez votre porte,
À votre fille, qui est mouillée comme la mer.

  — Qu’as tu donc fait de nouveau,
Pour avoir tes vêtements en désordre de cette façon ?
— J’ai fait du nouveau assez,
J’ai tué dix-huit gentilshommes ;

  J’ai tué le seigneur de Mezobran,
Et Mezomeur et Mezomorvan ;
J’ai tué le seigneur de Runangoff,
le plus grand coureur de filles du pays.

  — Si tu as tué tous ces gens-là,
Toi, tu mourras aussi dans trois jours.
— Oh ! Je ne mourrai pas même dans trois mois,
Car j’irai jusqu’à Paris.

IV

  Anne Le Gardien disait,
En arrivant dans la ville de Guingamp :
— Où est la prison dans cette ville,
Afin qu’Anne Le Gardien aille dedans ?

  — Anne, vous n’irez pas dans la prison.
Demain, à dix heures, vous serez pendue !
— Oh ! Je vais au palais du roi,
Pour demander sûreté pour ma vie.

V

  Anne Le Gardien disait,
En arrivant dans le palais du roi :
— Bonjour à vous, roi et reine,
Je suis venue bien jeune à votre palais[1]

  — Quel crime avez-vous donc commis,
Pour être venue si tôt nous voir ?
— J’ai commis un crime assez grand,
J’ai tué dix-huit gentilshommes ;

  1. Dans une autre version, il y a « le roi Louis. »