Ma haquenée est à la porte de la cour,
Isabelle Le Jean, qui vous attend ;
Bien ferrée de laiton blanc,
Et une bride d’argent à sa tête ;
Et une bride d’argent à sa tête ;
Les pommeaux sont d’or jaune.
— Si elle a une bride d’argent en tête,
Avec des pommeaux d’or jaune ;
Avec des pommeaux d’or jaune,
Je voudrais qu’elle eût le feu dans la tête !
Et pourtant c’est péché à moi,
Car la pauvre bête n’est pas cause.
Isabelle le Jean disait,
En sortant de la cour de son père :
— Adieu, ma mère, adieu, mon père,
Jamais ne vous reverront mes yeux !
Je dis adieu à tous ceux de mon pays,
Sauf à celui-là, sauf à mon frère Louis, le voleur ;
Sauf à celui-là, mon frère Louis, le voleur,
Qui m’a vendue au Juif !
Isabelle le Jean demandait
Au grand Juif, un jour : —
— Juif, Juif, dites-moi.
N’est-ce pas celui-ci le pont dont j’ai entendu dire ;
N’est-ce pas celui-ci le pont dont j’ai entendu dire
Que les bêtes s’agenouillent dessus ?
Elle n’avait pas achevé ces mots,
Que sous elle son cheval s’est agenouillé.
Isabelle le Jean disait
Au grand Juif, un jour :
— J’entends le coq de mon père chanter !
— Vous ne l’entendez pas, Isabelle, dit-il ;