Vous ne l’entendez pas, Isabelle, dit-il,
Car vous êtes à cinq cents lieues de lui.
Le grand Juif disait
À sa mère, en arrivant à la maison :
— Voici une bru (que je vous amène) ;
Quelle jolie jeune fille est celle-ci !
— Elle n’est pas venue de son bon gré,
Elle a des larmes dans les yeux.
Le grand Juif disait
À Isabelle le Jean, un jour :
— Venez avec moi, Isabelle, au cellier,
Pour goûter du vin aussi doux que le miel :
— J’aimerais mieux, dans la maison de mon père,
Boire de l’eau de la fontaine du pré.
— Venez avec moi, Isabelle, dans mes chambres,
Pour compter de l’or à la douzaine ;
Venez avec moi, Isabelle, à la chambre blanche,
Pour compter de l’or et de l’argent blanc.
— J’aimerais mieux être dans la maison de mon père,
À compter des œufs pour les porter au marché.
Le grand Juif disait
À sa petite mère, un jour :
— Je ne sais que faire d’elle.
Elle me donne beaucoup d’inquiétude ;
Quelque demande que je lui fasse,
Toujours elle ne fait que pleurer.
— Si tu ne sais que faire d’elle,
Prends un couteau et tue-la.
— Il y a trois chevaux dans l’écurie,
Deux sont à vous, un est à moi ;
Deux sont à vous, un est à moi,
Car quant à elle, je ne la tuerai point[1].
- ↑ Invitation à sa mère à partir.